• Je pars, ma vie est trop maussade
    Je pars j’ai laissé une feuille incrustée de mots sales
    Je pars laissez-moi donc ma douleur
    Je pars pour un monde fait de lumière et de couleurs
    Je pars car le ciel est bas et gris
    Les vieux n’ont plus d’sagesse, ils sont racistes et aigris
    Je pars, je m’envole vers le rire des enfants
    Je pars même s’ils m’en veulent j’ai trop souffert dans mes tourments
    Je pars, j’ai déjà fait mes valises
    Je pars car nos modes de vies d’ici me scandalisent
    Je pars la vie m’transperce de part en part
    Je pars car faut être fort et moi j’ai perdu mes remparts
    Je pars, y’aura ni promesses ni nouvelles
    Je pars, fallait du cran, j’ai activé la manivelle
    Par un beau matin je pars je laisse le flambeau
    Je trouverai mon Abyssinie, moi l’Arthur Rimbaud
    Je pars, parti pour la vie
    Je pars, viens avec moi si t’as envie
    Je pars, pour la saison des pluies
    Je pars, hier, demain et aujourd'hui
    Je pars, parti pour la vie
    Je pars, viens avec moi si t’as envie
    Je pars, pour un rayon d’ombre
    Viens retrouver colombe mon coeur mort sous les décombres
    J’veux juste un chapeau de paille, une plage et un transat
    Oublier les charters, les aéroports dans lesquels on transite
    J’veux des nuits douces au ciel étoilé, scruter la galaxie
    Ici y’a pas d’laxisme, on bosse jusqu’à la cataplexie
    J’veux manger du riz au curry et des mangues juteuses
    J’veux pas d’leur vache folle qui rit à la fièvre aphteuse
    Et puis ce soleil qui tannerait ma peau luisante sous la pommade
    Ici on m’appelle « Negro », y’a pas d’place pour nos peaux mates
    J’veux qu’mes pommettes, mes zygomatiques s’échauffent toute l’année
    L’ami ! Les choses qu’ils promettent? Être condamné à glaner
    Sur sample de guitare sèche, j’veux des gens simples et des sourires
    Ici c’est rare qu’on nous supporte, qu’on ouvre les portes et les serrures
    J'veux vivre sur des rythmiques, des mélopées
    Me libérer de mes chaînes, car la culture m'a menotté
    J'veux que tu viennes allez, rentre dans mon monde
    Viens retrouver colombe mon cœur mort sous les décombres
    Je pars, parti pour la vie
    Je pars, viens avec moi si t’as envie
    Je pars, pour la saison des pluies
    Je pars, hier, demain et aujourd'hui
    Je pars, parti pour la vie
    Je pars, viens avec moi si t’as envie
    Je pars, pour un rayon d’ombre
    Viens retrouver colombe mon coeur mort sous les décombres
    Embrassez-moi, je suis pour l’amour et la paix
    Le 28 août à DC j’ai fait le rêve de l’appel
    La peine ma vrai nature, je vis avec
    Comme l’orphelin du monde, l’enfant seul, le restavek
    J’vis dans ces rues tristes, le matin hivernal
    J’suis enfermé dans l’enfer et pour moi c’est infernal
    Amenez la joie dans mes ténèbres, apocalypse de mes tourments
    J’ai l’impression d’être au tournant que les personnes autour me mentent
    Venez mourir! Comme les vagues de la plage
    Venez donc lire, le vague à l’âme de mes pages
    Les palmiers sont courbés comme des vieillards
    Les bords de mer sont devenus de tristes dépotoirs
    L’érosion a mis à nu les mornes à rhum
    L’Abyssin a condamné tous les chemins qui mènent à Rome
    Ma musique s’exprime comme une saudade
    Les notes et les mots se mettent debout comme des soldats!
    Je pars, parti pour la vie
    Je pars, viens avec moi si t’as envie
    Je pars, pour la saison des pluies
    Je pars, hier, demain et aujourd'hui
    Je pars, parti pour la vie
    Je pars, viens avec moi si t’as envie
    Je pars, pour un rayon d’ombre
    Viens retrouver colombe mon coeur mort sous les décombres

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  • On sort en trombe, en nombre, on se déverse en plaine 

    En centaines, en millions, en milliards ou en millièmes 
    De quelques simples gouttes à des marées humaines 
    Des jaillissements d'aurore pour éclairer des emblèmes 
    Des lanternes dans la tête, si l'on plonge dans les ténèbres 
    On nous appelle "PD", "blancos", "bougnoules" ou bien "nègres" 
    On vit dans la riposte, on réfléchit après-coup 
    On vit extra-muros donc on arrive par vos égouts 
    Nous sommes des cargaisons de femmes voilées, des youyous stridents 
    Des rastas, des casquettes tournées, des voyous prudents 
    Des espoirs accrochés, des paradis assassinés 
    Des parents épuisés enfantant des gosses méprisés 
    De la marmaille bruyante, des petits morveux frisés 
    Engraissés d'allocations qui donnent des prétextes à voter 
    Trouver des bouc-émissaires, les égorger pour l'Aïd 
    Mourir dans une clairière sans treillis pour ce pays 
    L'affiche est couleur sang, et Manouchian vient pas d'Auvergne
    Le tirailleur t'emmerde, il a fécondé ta grand-mère
    On investit Brongniart, le dos au mur comme Jean-Pierre Thorn
    On s'en fout du grand soir parce que la nuit, c'est bien trop morne
    On veut même pas de soleil et des éclipses pour faire l'amour
    Pour que l'instant soit bref, intense comme un fruit qu'on savoure
    Aux armes miraculeuses on a lu Césaire et Prévert
    On viendra vous faire la guerre avec la parole poudrière
    On n'désigne plus l'ennemi, parce qu'il est partout même en nous
    On va mourir debout parce qu'on a vécu à genoux 
    On est sourds aux slogans élimés par trop de manifs 
    On devient arrogants on veut rimer comme des canifs 
    On n'a plus 20 ans mais on n'aura jamais 60 
    Car on bouffe du bisphénol à l'heure d'une planète suffocante 
    On fait de nous des enfants pour nous interdire des luttes 
    Donc non, pan Peter-Pan on va redevenir adultes 
    On a coincé nos rages entre le mérite et l'héritage 
    Et les puissants confisquent ce que les pauvres se partagent 
    À leurs chaises musicales, personne ne joue, personne s’assoit 
    On occupe du terrain, être indigné ça va de soi 
    Angela ké fend'tchou aw pendant que ton papa est pas là 
    On va ouvrir les portes de Soledad ou Attica 
    Pharmaco-dépendants des OGM pour nous doper 
    J'ai recraché l'assiette, monté le cheval et galopé 
    Braqué un RER-dilligence ; l'Apache de Belleville 
    Viendra crier vengeance comme Balavoine arrive en ville 
    Ils veulent nous assigner des places, et nous faire saigner 
    Les amoureux aux bancs publics n'arrêteront jamais de s'aimer 
    Depuis que nos checks ressemblent à des poignées de main de Montoire 
    On ne laissera personne parler au nom de nos espoirs 
    On n'est pas des victimes, encore moins des condamnés 
    On arrivera de l'aube en irruption spontanée

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